De nombreuses études montrent que les Français issus de l’immigration maghrébine se heurtent à des difficultés importantes sur le marché du travail, et ce dès la première étape du recrutement. Les résultats d’un testing récent et de grande ampleur le confirment. La discrimination à l’embauche selon l’origine supposée reste élevée et un élément majeur du marché du travail en France. Elle est observée quelles que soient les caractéristiques des métiers testés.
En moyenne, à qualité comparable, les candidatures dont l’identité suggère une origine maghrébine ont 31,5 % de chances de moins d’être contactées par les recruteurs que celles portant un prénom et nom d’origine française. Si les discriminations liées à l’origine supposée sont fortes et persistantes, elles sont plus faibles, sans s’effacer, parmi les salariés les plus qualifiés. Ces résultats ne varient pas sensiblement entre les femmes et les hommes.
De telles discriminations contribuent à l’existence de fortes inégalités sur le marché du travail, susceptibles d’être coûteuses sur le plan économique et de renvoyer les personnes issues de minorités à leurs catégories d’appartenance.
Dans ce contexte, des initiatives privées et de politiques publiques visant à promouvoir la diversité dans les entreprises se sont développées. Ce document présente les résultats d'une étude effectuée par ISM Corum et l’Institut des politiques publiques (IPP) sous l’égide de la Dares, pour permettre de mesurer la discrimination à l’embauche à l’encontre des personnes d’origine supposée maghrébine sur un ensemble de métiers divers et de mettre en évidence d’éventuelles différences selon plusieurs segments du marché du travail et profils des candidats.
Cette étude confirme que la discrimination à l’embauche à l’encontre des personnes portant une identité à consonance maghrébine est très importante en France, et qu’elle s’observe de façon- systématique sur tous les segments du marché du travail explorés. La discrimination à l’encontre des personnes portant un prénom et un nom à consonance maghrébine est similaire entre les femmes et les hommes, et il ne ressort pas d’effet conjoint du sexe et de l’origine.
Si cette étude confirme sans équivoque l’existence de discriminations fortes à l’encontre des candidats dont l’identité suggère une origine maghrébine, elle ne permet cependant ni de distinguer directement les mécanismes sous-jacents, ni de conclure sur la façon d’y remédier. Il serait utile d’explorer davantage l’hétérogénéité des écarts entre groupes (selon le niveau de qualification, ou selon la tension sur le marché du travail concerné) pour tenter d’approfondir les sources du phénomène discriminatoire.
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- France
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- Universitaires et expertsActeur du gouvernement nationalOrganisations-non-gouvernementales/société civile
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