
Santé publique France publie un dossier consacré à la santé chez les migrants en situation de vulnérabilité, dont les personnes réfugiées. Ceci inclue les déterminants de la santé, l’environnement, la situation socio-économique, l’accès à l’emploi, aux soins, à la prévention, mais aussi les parcours de vie, les traumatismes vécus ou la santé mentale.
En ouverture de ce dossier, Didier Fassin, médecin, sociologue et anthropologue, titulaire de la chaire Santé publique au Collège de France, constate que : « la santé des exilés, qu’ils soient immigrés, réfugiés, demandeurs d’asile ou étrangers en situation irrégulière, est généralement meilleure, à leur arrivée, que celle des nationaux des pays dits d’accueil, mais elle se dégrade rapidement dans ces derniers, résultante non seulement des difficultés d’accès aux soins, mais aussi et surtout du traitement qui leur est fait par la société où ils espéraient fonder une nouvelle vie ».
Ce dossier fait le point sur les connaissances scientifiques, les pratiques, les dispositifs et les programmes mis en œuvre pour apporter des réponses aux problématiques de santé auxquelles sont confrontés les migrants. Des recommandations, actions et programmes sont proposés afin d’améliorer la santé des migrants en situation de vulnérabilité en agissant sur :
- les facteurs systémiques contribuant à la production des situations de vulnérabilité,
- le développement des ressources et des compétences individuelles et collectives,
- les modalités d’interventions auprès des publics en termes de santé.
Une partie de ce dossier pointe également le fait que la situation sanitaire inédite, liée au COVID-19, qui a débuté en 2020 et touché nombre de pays, renforce les inégalités et pèse particulièrement sur les migrants.
Les premiers résultats de l’étude ECHO, menée en France en mai et juin 2020, sont présentés. Cette étude est destinée à évaluer les connaissances, attitudes et pratiques liées à l’épidémie de COVID-19 et à mesurer l’impact de cette dernière sur les personnes en situation de précarité vivant en centres d’hébergement en France, dont une grande majorité d’étrangers. Une bonne connaissance des symptômes de la COVID-19 et une adhésion satisfaisante aux mesures de prévention et de prise en charge de l’infection (test, isolement) ont été retrouvées chez les participants nés à l’étranger. Les facteurs associés à l’adoption des comportements recommandés pour lutter contre l’épidémie au sein de cette population sont l’âge, le niveau de diplôme, la confiance dans les informations officielles et l’inquiétude vis à vis de la COVID-19. Une proportion importante de renoncement aux soins pour des motifs non liés à la COVID-19, une dégradation importante de la santé mentale ainsi que de la situation socio économique des personnes (emploi, difficultés alimentaires et administratives...) ont également été observés.
Une autre partie du dossier pointe la grande précarité des étudiants étrangers en France en cette période de COVID-19 et montre que le secteur associatif est en première ligne pour les aider.
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- Authors
- Emmanuelle Hamel, Arnaud Veisse, Laurence Kotobi
- Geographic area
- France
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