Ce document, publié en mai 2024, de travail s’intéresse à l’état de santé des immigrés et descendants d’immigrés en France et à son évolution au fil des années passées en France pour les immigrés, et au fil des générations.  A partir des données de l’enquête Ined-Insee TeO2 (2019-2020), plus riches sur la santé que ne l’était la première édition de TeO, les auteurs analysent quatre indicateurs : la santé perçue, l’épisode dépressif caractérisé dans les 12 derniers mois, le tabagisme quotidien et l’obésité. Enfin, ils s’intéressent aussi au lien entre discrimination et santé : les niveaux de discrimination dans le système de santé d’une part, et le lien entre expérience de la discrimination et indicateurs de santé d’autre part. 

Si la santé des immigrés et de leurs descendants est façonnée par des déterminants sociaux en partie identique au reste de la population, ceux-ci peuvent néanmoins connaître des difficultés particulières (problèmes de langue et d’accès aux soins pour les immigrés, vécu des discriminations pour les immigrés et leurs descendants) qui justifient qu’on étudie de manière spécifique leur état de santé. Étudier l’état de santé de ces populations de manière spécifique ne doit pas faire oublier la grande hétérogénéité de chacun de ces groupes : parmi les immigrés et les descendants d’immigrés, l’état de santé varie sensiblement, selon le sexe et la région d’origine notamment.

Au fil du temps passé en France, la santé des immigrés se détériore : des conditions de vie plus défavorables que celles de la population majoritaire expliquent en grande partie ce désavantage ; l’adoption de certains comportements défavorables à la santé comme le tabagisme peuvent aussi participer de cette détérioration. 

L’un des résultats à retenir est que, en revanche, les immigrés et leurs descendants sont en général en meilleure santé mentale, bien que certaines expériences de grande précarité soient très associées à la dépression. De manière générale, l’état de santé des descendants d’immigrés est plus proche de celui de la population majoritaire.
Le risque de discriminations dans le système de santé est une autre tendance qui se reproduit d’une génération à l’autre chez les femmes et les minorités. Or, l’expérience des discriminations a des effets néfastes démontrés sur l’état de santé.

Des analyses plus approfondies seront nécessaires pour mieux comprendre l’hétérogénéité qui existe dans chaque groupe : parmi les immigrés, pouvoir distinguer, par exemple, les personnes ayant eu des épisodes d’irrégularité du séjour pourrait faire apparaître des différences, notamment en termes de santé mentale. Parmi les descendants d’immigrés, des éléments de la trajectoire de vie pourraient aussi contribuer à expliquer comment certains comportements de santé se transmettent ou non d’une génération à l’autre.