Bien qu’en meilleure santé à leur arrivée en France, les immigrés déclarent en moyenne un moins bon état de santé que la population générale. En raison d’un cumul de facteurs (inégalités sociales, conditions de vie, moins bon accès à des soins de qualité, etc.), leur état de santé se détériore à mesure du temps passé dans l’Hexagone.

La crise sanitaire a mis brutalement en lumière les inégalités sociales de santé, qui touchent notamment les immigrés et leurs descendants (voir ici le numéro De Facto consacré aux inégalités ethno-raciales face au COVID-19), et le manque de données sur le sujet pour mieux saisir l’ampleur et le contour des discriminations dans le système de santé.

Ce numéro présente des enquêtes récentes ou en cours qui permettent d’éclairer, à différents niveaux, la question des inégalités et des discriminations à l’encontre des immigrés et de leurs descendants dans le système de santé, à la fois en tant que patients mais aussi en tant que soignants.

Mathieu Ichou montre ainsi, à partir des données de l’enquête TeO (« Trajectoires et Origines »), que les discriminations perçues dans le système de santé sont plus fréquentes parmi les personnes originaires d’un DOM, d’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne et de Turquie, et corrélées au renoncement aux soins. Certains groupes d’immigrés et d’enfants d’immigrés sont donc particulièrement exposés à des expériences de discriminations dans le système de santé. Cela constitue un obstacle à leur accès aux soins, contribuant ainsi aux inégalités ethno-raciales de santé.

Dans ses enquêtes sur la périnatalité, Priscille Sauvegrain, sociologue et sage femme clinicienne, met en évidence et explique les différences de prise en charge selon l’origine des patientes en raison de biais implicites, dont les soignants n’ont pas nécessairement conscience. Une question sensible au sein du corps médical qui fait l’objet d’une enquête présentée par Elie Azria, chercheur et médecin.

Enfin, Francesca Sirna, sociologue, déplace la question des discriminations dans le système de santé en abordant le cas peu étudié des soignants étrangers qui se retrouvent cantonnés à des rôles et des statuts subalternes. Ainsi, pour pallier au manque de personnel, la France fait appel à des médecins étrangers, qui malgré leur haut niveau de qualification peine à bénéficier d’un traitement équivalent à celui des médecins diplômés en France.

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