Cette étude a été réalisée par Sophie BILONG et Frédéric SALIN de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Elle est le fruit d’une collaboration avec le collectif « Work with refugees » qui rassemble plusieurs associations d’accompagnement vers l’emploi pour les personnes réfugiées et en demande d’asile.

L’enjeu de cette étude est d’explorer les positions économiques des personnes réfugiées, de décrire les pratiques et les perspectives de programmes montés en entreprise pour faciliter l’accès à l’emploi des personnes réfugiées, et de proposer, sur la base d’une approche multi-méthodes, des réflexions et des propositions pour améliorer l’accès à l’emploi et les conditions de travail des personnes en exil.

Les auteurs ont mobilisé une méthode plurielle qui articule une analyse statistique sur les trajectoires d’activité de personnes réfugiées, des entretiens avec des responsables des ressources humaines (RH) et de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) de 18 entreprises engagées en faveur de l’insertion professionnelle des réfugiés ou ayant des expériences concrètes d’embauche et des échanges collectifs avec des personnes réfugiées qui ont partagé leur expérience de recherche d’emploi en France. Des données inédites de l’enquête Elipa permettent de mettre en évidence des phénomènes de salarisation, de déclassement professionnel et établissent un lien entre le niveau de maîtrise du français et la situation d’activité.

Les auteurs proposent une analyse des actions mises en œuvre par le secteur privé pour favoriser l’intégration professionnelle des réfugiés en France. Les cadres interrogés ont partagé leur analyse des phénomènes à l’œuvre dans leur entreprise et explicité les moyens de mobiliser leur entreprise pour l’insertion des personnes réfugiées. Au travers des entretiens qui ont été menés, les auteurs ont rencontré des personnes animées d’une bonne volonté et d’un désir de créer des dispositifs utiles pour les personnes réfugiées au sein de leurs entreprises. Plusieurs de ces dispositifs étaient encore en phase de déploiement ou à l’état de projets. D’autres pourraient prendre de l’ampleur pour peu que l’écosystème de l’accompagnement soit plus structuré. S’il existe une dynamique, celle-ci est donc encore embryonnaire, comparée aux enjeux que pose l’accès à l’emploi et à de bonnes conditions de travail pour les personnes réfugiées.

En complément, les auteurs mettent en évidence des problématiques qui structurent la question de l’emploi des réfugiés. Les principales concernent tout d’abord l’accès à la formation linguistique et scolaire, l’assouplissement des contraintes administratives, le droit au travail dès la demande d’asile, la structuration publique et la pérennisation d’un système d’information et d’accompagnement pour l’accès à l’emploi, et enfin l’élargissement du mouvement de solidarité dans un sens plus affirmatif. Ils proposent également une série de recommandations à destination des entreprises, des associations et des pouvoirs publics pour améliorer les trajectoires professionnelles et les conditions de travail des personnes réfugiées.